Mon ballet préférée est "Roméo et Juliette", il est composé par Prokofiev et c'est pour moi une oeuvre d'art.
Un après-midi, j'avais décidé de le regarder. J'ai savouré chaque minute et chaque instant, profitant de la grâce des danseurs et de la puissance de la musique. A la fin du ballet, je me suis mis en tête de jouer la danse des chevaliers.
J'ai alors commencé à tenter de jouer le morceau avec mon petit clavier mais les notes que celui-ci émettait ne me convenait pas. Elles étaient trop aigu et trop "électronique". Il m'arrivait parfois de regretter le beau piano à queue qui trônait chez mes parents! J'eus alors l'idée de le jouer au violon.
A partir de là ont commencé les moments les plus frustrants de ma vie. Jouer au violon n'est pas une mince affaire et jouer ce morceau au violon est un véritable supplice!
Il m'arrivait de déraper et alors de faire une fausse note, parfois je ne faisais pas les bons mouvements et une mauvaise note sortait de mon bel instrument. Je commençais à m'énerver et j'étais à deux doigt de jeter mon violon puis je décidais d'aller ré-écouter le morceau, espérant que cela m'aiderait. J'allumais mon petit ipod mini que mes parents m'avaient envoyé l'année dernière. J'allais mettre mes écouteurs lorsque Caliska ouvra la porte de ma chambre:

- Demain je vais partir au Mexique pour acheter deux trois trucs, tu voudras venir pour toi? Si oui on se retrouve demain matin vers 7h.

Elle partit sans entendre ma réponse et je soupirais. Me lever tôt n'était pas un problème et mon niveau en espagnol était plutôt passable mais je ne savais pas si je pourrais la supporter une journée entière. Elle paraissait gentille mais il y avait quelque chose qui me dérangeait chez elle. Je repensais alors à ce que me disait mon père "Soit proche de tes amis et encore plus de tes ennemis.".

Le lendemain, je me levais à six heure. J'ouvrais mon armoir afin de choisir ce que je pourrais porter. J'optais pour un jean droit noir, j'assortis cela avec un T-shirt gris un peu court et des baskets en toile noir. C'était simple mais efficace.
Je sortis de ma chambre qui se trouvait en bas puis je montais dans la salle de bain afin de me doucher. Une fois finit, je descendis rejoindre Caliska.

- Anna ? Tu as décidé de me suivre ou tu t'es levée pour profiter de ta journée, me dit-elle en souriant

Je marchais vers elle puis lui sourit à mon tour.

- Je ne suis jamais allé au Mexique alors je me suis dis que c'était ma chance! Et puis, même si je ne suis pas la meilleure en espagnol, j'ai une traductrice.

Je m'asseyais devant elle et prit une brioche comme déjeuner:

- Qu'est-ce qu'on va faire alors? lui demandais-je

- Dis, tu peux m'apprendre des mots en français? Et en échange je t'apprend de l'espagnol!

J'aimais montrer mes capacités en français. En effet, Vincent ne me laisse en aucun cas le loisir de parler ma langue maternelle. Je ne comprendrais jamais cet homme, il refuse que MOI je lui parle en français mais il est lui-même professeur de français.. Il faut dire qu'avec le niveau des étudiants de Beacon Hills, il ne doit pas entendre du français très souvent. En y repensant, je voyais le regard noir qu'il posait sur moi lorsque je lui parlais dans notre langue. Je sortis de mes rêveries afin de répondre à Caliska:

- Pas de problème, lui dis-je avec un grand sourire.

Je réfléchis un instant avant de poursuivre:

- Alors déjà, les bases. Pour dire "hello" on dit bonjour, "goodbye" c'est au revoir euh.. "thank you" merci, "you're welcome" de rien et puis il y a la fameuse phrase que tous les américains connaissent.. Voulez-vous coucher avec moi ce soir.

Je marquais une pause. Je repensais à mon oncle et je décidais d'en parler à Caliska:

- Tu sais, Vincent n'aime pas beaucoup le français donc, si j'étais toi, je n'essaierais pas d'apprendre avec lui.

Je regrettais tout de suite mes paroles alors j'explosais de rire.

- Oh si t'avais vu ta tête! lui dis-je en rigolant.

J’espérais qu'elle pense que ce n'était qu'une blague... Quel abruti j'étais!

- A toi! lui dis-je afin de changer de sujet.

-Bonjour se dit Hola, au revoir se dit Adios, merci se dit gracias et de rien se dit de nada. Je ne pense pas que voulez-vous coucher avec moi ce soir te sera très utile. Tu n'as pas fait d'espagnol en France ou à Beacon Hils ? Dans ce cas ce que je viens de te dire ne sert à rien puisque tu l'as déjà vu...

Son accent était vraiment laid mais je me contentais de lui sourire timidement puis je baissais la tête. Je n'osais pas lui dire que j'avais déjà appris cela il y a longtemps. Je tournais la tête vers la vitre et un long silence se fit entendre. Il était pesant. Pendant près d'une heure, ni l'une ni l'autre ne parla. Je commençais à regretter de l'avoir accompagner. J'avais chaud, je transpirais et Caliska refusait d'ouvrir la fenêtre "à cause du sable". Je fermais les yeux, tentant d'oublier ces désagréments, en vain. Je respirais doucement. Soudain, la voiture s'arrêta. La chaleur m'énervait et je commençais à perdre patience, je me retournais vers elle et lança :

-Quoi encore!?

Il me sembla voir Caliska faire les gros yeux et je pus voir deux policiers. De par leur couleur de peau et leur façon de se tenir je déduisis qu'ils étaient mexicain. Ils me regardaient étrangement, ce n'était pas rassurant. Ils fronçaient tous deux les sourcils dans ma direction et chuchotaient entre eux en bougeant la tête de droite à gauche.

- Putain, lançais-je en soupirant

Je posais mon coude à côté de la vitre et mis ma tête dans ma main. Je laissais à Caliska le soin de se débarrasser de ces deux guignols.

Un des policiers s'approcha de ma portière. Je le fixais de mon regard noir (et bleu en l’occurrence) lorsqu'il mit sa main sur sa ceinture, sûrement afin d'attraper son arme. Je me reculais quelque peu de la portière, toujours en le fixant. Je n'osais pas vraiment bouger ou faire de mouvement brusque, comme avec les animaux craintifs. J'entendais Caliska parler mais je ne l'écoutais absolument pas. Je prenais le temps de bien regarder le policier, aucun détail ne devait m'échapper afin que je me souviennes de lui, on ne sait jamais après tout. Soudain, alors que j'étais concentrée, l'agent ouvrit la portière dans un grand fracas qui me fit sursauter. Il m'attrapa par le col et me fit descendre de la voiture. Trop abasourdi pour riposter, je restais à quatre patte par terre lorsque je sentis quelque chose de froid contre ma tempe. "Son fusil" pensais-je et mon premier réflexe fut de prendre une grosse pierre qui se trouvait à mes pieds. Il ne semblait pas avoir vu mon dernier geste et me fit me lever. Il avait son bras droit contre mon cou et son autre bras tenait son pistolet.

- Tu as fini de jouer Anna? On a encore des choses à faire, entendis-je dire Caliska.

Je lui lançais un regard noir. Je sentis l'agent s'agiter derrière moi, il respirait fort et transpirait: il commençait sérieusement à sentir mauvais. Je sentais le regard de Cali posait sur moi et je tentais de rester calme lorsque le guignol au fusil dit:

- Tu l'as tué ? Tu l'as tué espèce de sale folle !?

Mais putain de qui est-ce qu'il parlait?
C'est à ce moment là que je pus apercevoir son coéquipier allongé par terre. Était-il mort? Non, j'entendais son cœur battre.
J'entendis le policier enlever la sécurité de son flingue.
A ce moment précis, je me rappelais de la pierre que je tenais dans la main et mon instinct prit le dessus. Sans vraiment savoir comment, je pus sortir quelque peu de l'emprise de mon agresseur afin de le frapper violemment avec la pierre. Il eut un mouvement de recul et je lui assénais à nouveau un coup sur le crâne. Il tomba doucement sur le sol. Je m'accroupissais à son chevet, espérant pouvoir le sauver mais c'était trop tard: il était mort. Je commençais à paniquer et je sentais les battements de mon cœur accélérer.
Au bout de quelques secondes, je réussis à me calmer et je me retournais vers Caliska avec mon expression habituel. Je l'observais pendant quelques seconde puis je me dirigeais vers la voiture afin de m'asseoir à la place du passager et, une fois fait, je tournais la tête vers ma fenêtre.
Je ne voulais plus la voir, je la haïssais. Elle m'avait obligé à tuer un homme et je ne supportais pas cette idée la, cela me faisait penser à ma première transformation. Le visage du garçon me revint en memoire. Je la détestais.