Assise tranquillement sur un des bancs qui se trouvaient en face du lycée, je profitais du calme régnant. Le matin les gens sont fatigués, ou en cours, ou les deux et je pouvais profitais du silence qui se faisait envelopper dés l'après-midi par des amas de discussions plus stupides les unes que les autres. Je respirais doucement, tranquillement. Je profitais de chaque bouffé d'air fraîche sans sentir la fumée d'une cigarette ou autre produits. La musique dans les oreilles, je savourais le conte musical qui avait orné ma jeunesse: Pierre et le Loup de Prokofiev. Je savourais chaque note et ne pensais à rien d'autres qu'à la musique. Je sentais le vent qui me caressait mes bras découvert car il me semblait avoir chaud. Soudain, mon moment de tranquillité fut interrompu par une goutte d'eau qui tomba sur mon genou et traversa mon collant. Finalement, mettre une robe aujourd'hui n'était peut-être pas une si bonne idée. Je chassais cette pensée de ma tête et je replongeais dans mon monde. Seulement, une autre goutte tomba sur mon nez. Cela commençait à clairement m'énerver. J'ouvrais les yeux afin d'observer ce qui m'entourait. Il n'y avait plus personne, même les lycéens qui s'étaient endormis était partis se mettre à l'abri dés la première goutte. En observant bien pourtant, je pus apercevoir qu'une fille n'avait pas bougé de sa place. Elle semblait lire un livre mais je ne pus discerner lequel précisément, je pus seulement voir sa sobre couverture. J'observais la jeune femme. Elle me disait vaguement quelque chose. Son visage surtout. Son visage était pâle et ses cheveux mi-longs semblait valser entre le roux et le blond. Je ne pouvais détourner mes yeux de cette fille, ma curiosité empiétant sur mon bon sens. Elle leva alors la tête vers moi. Je connaissais ses yeux puissants et malicieux. Je me creusais la tête afin de savoir comment quand soudain, tout me parut clair.

Elle était la fille que j'avais croisé à la pleine lune. Enfin "la fille", la louve plutôt. Ce soir là, je m'étais écarté de Vincent et Caliska afin de me promener et j'avais croisé une magnifique louve. En nous regardant, nous nous sommes tout de suite comprise. Il s'était passé quelque chose entre nous, une complicité que je n'avais jamais ressentis auparavant. Alors, nous avons courus. Nous avons profiter des heures de pleine lune qui nous restaient puis, quand l'aube est apparut, nous avons chacune pris une route différente, je n'avais ainsi jamais pu la voir sous sa forme humaine. J'avais les yeux ronds de surprise de la voir ici et je me sentais obligé d'aller la voir. Je me suis alors levé, j'ai enlevé mes écouteurs puis je les ais rangé et je me suis approché d'elle. Je me suis assise à côté d'elle puis lui ai lancé un vrai sourire, mon premier depuis des lustres:

- Salut.

Je ne savais pas si elle m'avait reconnus, mais je l'esperais fortement.

Encore une fois, j'étais assise sur ce banc, lisant les pages de ce livre interminable. Il était question d'une foutue d'histoire d'amour à la con entre le mec ténébreux et la fille paumée d'un lycée tout aussi paumé. J'avais dû épuiser ma bibliothèque pour en arriver si bas. J’essayais quand même de terminer, tant bien que mal, ce livre cucul. Je n'aimais franchement pas les histoires d'amour. En règle générale. Mais j'aimais lire, donc je devais bien faire abstraction de ces histoires stupides si je voulais lire un minimum. Je sais qu'il y a plein de livres sans, mais bon, certains sont pas mal rasoirs. Je ne voulais pas me coltiner les livres philosophiques, ou qui se penchent sur l’origine du monde... Je m'en tartinais déjà une bonne couche au lycée. La lecture est faite pour s'aérer l'esprit, pour s'évader, rire, pleurer, rêver, se mettre en colère...

Ce jour-là, le temps était lourd, palpable. Il donnait l'impression qu'on aurait pu en prendre dans ses mains et le modeler. Il collait à la peau, avait une odeur particulière. Un drôle d'odeur sucrée. Je levai les yeux au ciel. Le soleil inondait encore le lycée mais de gros nuages noirs semblaient prêts à passer à l'assaut. L'orage venait. J'aimais beaucoup l'orage. J'aimais surtout les grosses gouttes de pluie, commençant d'abord à t'inonder les cheveux, puis elles perlaient sur le bout de ton nez... J'aimais le bruit de la pluie sur le toit, la lumière des éclairs qui éclairaient furtivement d'une blancheur cadavérique. J’aimais l'atmosphère de l'orage. J'étais donc tranquille à l'idée qu'un orage pouvait arriver sur Beacon Hills.

Des gouttes de pluies vinrent troubler l'ordre des lettres sur ma page. Il commençait à pleuvoir. Je rangeai mon livre dans mon sac, mais contrairement aux autres élèves du lycée, je ne rentrais pas à l'intérieur dans le but de me mettre à l’abri. J'aimais la pluie, mais je n'aimais surtout pas l'oppression des lieux clos, fréquentés par d'innombrables élèves se comportant comme des primates attardés. Non, je n'aime pas faire preuve de pitié. Encore moins devant les élèves tous plus débiles les uns que les autres de ce lycée.

Soudain, une jeune fille vêtue d'une robe débarqua devant moi, puis s'assit à mon côté droit, me lançant un grand sourire. Elle me lança un : "- Salut."

Je ne répondis pas directement, son regard avait attiré mon attention. Il me disait quelque chose. Je l'avais déjà vu, j'avais déjà vu cette espèce de lueur qui éclairait ses yeux. Mais où, ça, je ne le savais pas. Je me creusai la tête, ce n'était pourtant pas bien compliqué ! Je l'avais déjà vu ce regard ! Mais enfin !....Non, je ne trouvais pas. Mais cette fille m'avait l'air vraiment sympathique. Et venant de moi ce n'était pas peu dire.

Je penchai ma tête sur le côté gauche sans la quitter du regard. Un maigre sourire s'était dessiné sur mes lèvres. Je dis :
" - Salut. Je t'ai déjà vue quelque part, c'est certain. Mais où ?"

- Un nuit de pleine lune dans des bois qui ne sont pas faits pour deux jeunes filles.

Un petit sourire malicieux s'était dessiné sur son visage. Elle était vraiment jolie. Elle semblait vouloir avoir une sorte de complicité que je trouvais sur le moment totalement pathétique. Mais elle planta son visage à deux centimètres, elle voulait très certainement me mettre mal à l'aise mais sincèrement, cela me faisait beaucoup rire intérieurement. Je fixais ses yeux noisettes, sans ciller. Chez les animaux, ciller est signe de faiblesse ou de défi. Premièrement je ne suis pas faible, deuxièmement, si cette fille était un loup garou, je ne tenais pas franchement à la défier. Mais voilà que je me souvenais d'elle. La louve avec qui j'avais passé un peu de temps à la dernière pleine lune.

Mais effectivement, je me souvenais de ce reflet doré qui éclairait son regard. Je me rappelais aussi cette façon bien particulière de regarder. Je l'avais croisé lors d'une pleine lune. Je m'étais écartée de Keagan. Je ne voulais pas rester avec cet ab...bref je ne voulais pas rester avec mon oncle. Je me souviens de chaque détail de cette soirée. Je ne m'étais jamais sentie autant libre. Mais il fallait que je me tire de cette rêverie. Je croisais les bras, lui souriant à mon tour. Je dit d'un ton enjoué:

- Ah c'est toi ! Super !

Mais elle était vraiment idiote de venir me voir comme ça. Personne ne devait savoir. Je la maudissais. Je ne voulais pas d'elle. Enfin, si pourquoi pas après tout. Mais il ne fallait pas qu'elle devienne suspecte. Je ne comprenais qu'une louve comme elle pouvait se mettre en danger ainsi. Il y a des fois ou j'ai franchement envie de pleurer devant tant de naïveté. Mais venant de sa part, cela devenait presque mignon.
Mais je m'assombris, mon regard fixa de nouveau le sien, et je dit d'un ton froid:

- Mais tu ne devrais pas le crier sur tous les toits

Elle avait ri lorsque je m'étais présentée. Non mais sérieusement, pour une fois que je me présentais sous un bon jour, avenante, gentille, joyeuse. Enfin, je l'admet ça sentait à plein nez le sourire forcé mais quand même quoi !

Mais, en fin de compte elle me semblait sympathique. Vraiment. Elle semblait différente. Pas tant par le fait que c'était une lycan mais tout simplement par ce qu'elle disait. Elle ne semblait pas être une fi-fille de service, et cela me plaisait pas mal.

- Tu sembles plus âgée que moi. Tu es en "Junior year" ou en "Senior year" ?

Waw, c'est ce qu'on appelait sauter du coq à l'âne mais cela ne me paraissait pas inopportun. Et puis, c'était vraiment bien que je me fasse des amis, même si cette fille me semblait un tantinet étrage. Je pouvais parler moi. Enfin bref, ce n'était pas le moment des remises en question. J'allais répondre quand Anna embraya sur une autre question, qui semblait plus à une affirmation qu'a autre chose. Ce qu'elle dit me fit sourire. Cela collait tellement bien au personnage.

- Quel Lycée pourri hein !

Bon, je ne serais peut être pas allée jusqu'à pourri hein mais je dois bien l'avouer, je trouvais tous les élèves débiles jusque là. On pourrait croire qu'on visite un zoo en parcourant les couloirs.

Je venais de mettre le doigt dessus. Voilà pourquoi je n'avais pas d'amis. Non, ce n'était pas de leur faute mais de la mienne, j'étais beaucoup trop froide et intolérante. Mais ce n'était pas le moment des remises en question, encore une fois.

Je réfléchissais à ce que je pouvais lui répondre, je ne voulais pas paraître trop froide, mais je ne voulais pas passer pour la super copine fan de Britney Spears et de maquillage. Oui je sais c'est cliché mais c'est un bon début non ?

Je dis d'un air qui se voulait dépité, une lueur d'amusement dans le regard.

- Ouais je suis en dernière année, alors bon, les abrutis je les ai vu passer !

Et je me mis à rire. Tant pis pour ce qu'elle pouvait en penser, si elle voulait me trouver débile ou totalement étrange, c'était son problème.