Je marchais, seule, dans les rues de Beacon Hills par une froide matinée de Mars. Le soleil perçait difficilement la couche nuageuse qui couvrait la petite bourgade californienne. Orchestrés comme pour un opéra ou un ballets, les éclaircies et la grisaille alternaient leurs passages, faisant varier les températures. Je n'aimais franchement pas ce temps. On ne savait jamais vraiment si l'on devait ou non garder son pull de peur d'avoir trop chaud ou trop froid. Mais de toute façon, il était encore trop tôt pour avoir chaud. Il devait être dans les environs de huit heures et demie neuf heures. J'avais été insomniaque cette nuit-là, et j'étais dehors depuis quatre heures et demie et des brouettes. C'était donc totalement par hasard que je me retrouvais là à cette heure-ci.
Les écouteurs que j'avais vissés à mes oreilles diffusaient mes titres préférés, bien que ma playlist dû être jouée au moins cinq fois depuis que j'avais quitté la maison. Mais à vrai dire, je pense que je m'en fichais. J'étais tellement plongée dans mes pensées que je ne l'entendais plus. Je ne sais même plus si je l'entendais. Je pensais aux dernières semaines qui venaient de se dérouler, aux rencontres que j'avais faites, à mon oncle, au lycée... J'avais même repensé à l'orphelinat.
C'était en écoutant
Sunday Morning de The Velvet Underground & Nico, que j'arrivais au cœur de la ville. Je ne savais pas vraiment ce que je voulais faire arrivée là-bas. Tout était fermé, tout donnait l'impression d'être mort. C'était calme, la lumière qui se reflétait dans les carreaux des maisons était réellement belle. J'aurais peut être pu aller à la bibliothèque mais elle non plus n'étais pas encore ouverte. Et je me rendis (enfin?) compte que j'étais prise d'une fatigue monumentale. Mes paupières se faisaient lourdes, mon regard se fixait momentanément, me demandant un effort quasi-surhumain pour le décrocher d'une vieille plaque d'égout ou d'une borne téléphonique sans grand intérêt, mes épaules m'entraînaient vers le bas et je baillais à m'en décrocher la mâchoire. Et dire que j'avais attendu cela toute la nuit !
J'allais faire demi-tour, rejoindre ma maison (surtout mon lit en fait...) quand une silhouette que j'aperçus du coin de l’œil, à ma droite, attira mon attention. Je n'eus pas à me creuser la tête bien longtemps, elle ressemblait en tout points que mon père m'avait faite. C'était ce très cher Peter Hale. Oh, je sentais que j'allais m'amuser un peu avant de rentrer chez moi. Et bien oui, je n'allais pas tourner les talons directement en sachant que j'aurais pu discuter avec cet homme. Il me suffisait de faire demi-tour et de,"sans le faire exprès", crois la route du Hale (tsss). Ce que je fis.
Arrivée à son niveau je pris un air étonné et pris sur moi pour lui sortir un magnifique sourire de petite fille innocente. Je ne savais vraiment pas quoi faire de mes mains, et j'avais peur de me décrédibiliser en paraissant gauche. Je décidai alors de croiser les bras sous ma poitrine et abordai le jeune homme d'un ton qui se voulait joyeux mais peu assuré:
- "Excuse-moi, tu es Peter c'est ça ? Peter Hale"
Je plantai mon regard dans le sien, un petit sourire aux lèvres. Ce n'était pas tout à fait naturel mais cela ferait bien l'affaire.