Je courais. Seule, autour du stade. Cela faisait déjà une demie-heure que je courais, seule, autour du stade. On était en mars, il ne faisait donc pas encore trop chaud mais je suais déjà comme pas possible, mais je levais la tête. Courir me procurait beaucoup de plaisir. Cela me permettait de me retrouver sans personne, sans rien qui puisse m'empêcher de réfléchir correctement.
Je pensais à tout et à rien, aux examens qui risqueraient d'arriver, à mon père qui n'avait pas donné de nouvelles, à la discussion que j'avais eu avec mon oncle... Il m'arrivait même de penser à ce que j'allais manger le soir même. Cela me permettait aussi de faire le point sur ce que je pensais des gens de Beacon Hills. Enfin, du peu de gens que je connaissais.
Et je dois dire, qu'après ce qui allait se passer, j'allais devoir courir une bonne vingtaine de kilomètres.
Je courais. Seule, autour du stade. Cela faisait déjà une demie-heure que je courais, seule, autour du stade. Le tours me paraissaient de plus en plus long et de plus en plus durs. Je voyais les autres élèves qui s'entraînaient, les autres pimbêches assises sur les gradins qui commentaient les sportifs...ou leur musculature. A voir. Et puis il y avait moi, la paumée qui tournait autour du stade. Très sincèrement, je me fichais pas mal de ce que les autres pouvaient penser de moi. Mais en ce moment-là, j'étais fatiguée, je dormais mal, j'étais préoccupée et les nerfs un peu à fleur de peau. Il m'en fallait peu pour que je mette à pleurer ou au moins à faire la tronche.
Je passais devant un de ces groupes de filles. Celle du milieu, une blonde à tâches de rousseurs, un très joli visage j'en conviens, n'avait pas cessé de bavarder avec ses amies en me jetant régulièrement des regards amusés.
Lorsque je passai devant elle, elle se mit à éclater d'un rire sonore. J'étais persuadée que j'en étais la cause.
Ce tour de stade fut le plus long de ma vie, j'avais l'impression qu'à chaque pas je tombais dans le vide. Les larmes montaient, mon nez me démangeait. Mais je ne pouvais pas perdre la face, je continuais mon tour. Arrivè à mes affaires, je pris ma bouteille d'eau que je vidai avidement. J'enfilai mon sweet et m'avançai vers cette jeune fille.
A mon arrivée, elle recommença à rire. Je le pris personnellement. Je levai les sourcils, elle me regarda. Je dis :
- "On ne t'as jamais apris à respecter les gens toi ?"